Notre fenêtre de tolérance ...

Ou « comment ne pas perdre patience » quand l’équipe est usée par un contexte qui n’en finit plus …

« C’est pourtant pas compliqué à comprendre ! » Tous les managers l’ont pensé un jour, en répétant pour la xième fois la même consigne …. (comme le diraient certains parents …). Tous les managers ont été agacé un jour (cochez la case qui vous correspond) :

  • Je suis resté sans réaction, tellement j’étais halluciné !
  • J’ai pété un plomb, s’en était trop, …
  • Les 2 !

Gérer ses relations au jour le jour c‘est savoir rester dans sa fenêtre de tolérance*, savoir garder son calme, la tête froide, mais rester réactif, clairvoyant … C’est difficile quand la fatigue physique ou mentale à usée nos défenses, notre vigilance. Difficile aussi dans certaines situations, face à un certain collègue, à certaines autorités, ou confronté à certaines attitudes déplacées …

Vous le saviez déjà, quand nous sommes dans notre zone de confort, on sait gérer, calme, patient, à l’écoute, réfléchi … mais quand les circonstances sont déstabilisantes, fini le confort, et notre sentiment d’insécurité augmente jusqu’à nous faire sortir de notre fenêtre de tolérance, par le haut avec un max d’énergie ou par le bas par de la sidération.

Nous avons tous des déclencheurs différents, en fonction de notre sensibilité, et surtout en fonction de nos souvenirs des expériences passées, qui nous permettent parfois de nous dire devant un obstacle « ça va être compliqué », ou l’inverse !  Les neurosciences confirment ce processus par l’imagerie médicale et montrent que l’on peut toujours réapprendre à fonctionner différemment, à tout âge !

Notre capacité à rester dans notre fenêtre de tolérance tient à notre sentiment de sécurité « suis-je en danger ou pas ? ici, en ce moment ? ». Si la réponse est oui, on peut comprendre que la personne soit un peu « réactive » … Certains sont plus facilement inquiets que d’autres, certains sont plus « insécure » que d’autre, et ça dépend des circonstances …

C’est dans la théorie de l’attachement** que l’on comprend comment se créer notre sentiment personnel, profond, de sécurité, ou d’insécurité, qui influe toute notre vie sur nos choix et comportements. Et ce qui nous permet aussi de comprendre le comportement de certains collaborateurs par ces temps de crise ! Suivant leur niveau de « sécurité » personnel, on peut voir nos collaborateurs réagir de différentes manières devant une difficulté, une surprise … :

  • le désorganisé : désorienté, il est tétanisé, ne sait que dire, que faire. Il sera encore plus en panique si son responsable se tient en retrait, dans le silence ou trop brusque dans ses tentatives de motivation ;
  • l’évitant : il se méfie des autres, ils ne sont pas fiables, peut paraitre hautain, évite les relations, se montre peu participatif, peu  enthousiaste en travail de groupe, ne fait pas d’effort pour être aimable. Ce type de comportement est favorisé quand la communication managériale n’encourage pas la reconnaissance des émotions, ne permet pas de dire ses peurs et encourage l’indépendance.
  • l’ambivalent (ou le rebelle) : il a toujours besoin que le responsable soit « pas trop loin » au cas où ! mais il montre plutôt de la défiance en sa présence. Il réagit fortement pour se rapprocher de son manager s’il ne le sent plus présent ou à la veille de son départ en congé … Il est particulièrement sensible aux changements de comportement de sa hiérarchie, il a besoin de régularité dans ses relations aux autres. Paradoxalement il peut aussi demander beaucoup d’approbation, de reconnaissance, de signes de proximité avec un pair.
  • le sécure : il réclame la présence de son encadrement comme base de travail mais il sait parfaitement travailler en autonomie et revenir ajuster la tâche en cours avec sa hiérarchie. Il demande des réponses précises, brèves et sincères à ses questions sur le sens du travail demandé.

Ces « 4 prototypes » de comportement se retrouvent souvent dans les relations de couple, au travail ou à la maison ! L’attachement c’est la manière dont nous avons appris à nouer des relations aux autres et la « raison », le bon sens, ne suffit pas toujours à faire face aux émotions !

Ce sont encore les neurosciences qui nous le confirment, le cerveau gauche qui réfléchit, n’as pas le temps de se mettre en marche face au cerveau droit qui ressent ! et peut nous faire sortir de notre fenêtre de tolérance. L’émotion est plus forte que la raison ! Les poètes avaient raison …

La bonne nouvelle c’est que cela se travaille, pour améliorer votre capacité à vous adapter à vos collaborateurs, pour améliorer votre propre fenêtre de tolérance, et à l’heure de la St Valentin, pour améliorer une relation de binôme ou de couple …

Yves TEILLAC

Coach LINK

 

*(2014). La fenêtre de tolérance : apprendre la régulation émotionnelle. Dans M. Hopchet, S. Goffinet, M. Depré, Gérer la dissociation d'origine traumatique: p. 277. De Boeck Supérieur.

** Papalia, M. D., Olds, M. S., & Feldman, M. R. (2010). Psychologie du développement humain. Groupe de Boeck.