Confinement : comment s’en sortir ?

Comment se sortir psychologiquement d’une telle période de stress ? Nous sommes forcement tous atteints même si « seulement » 1/3 auront des troubles : dépression, anxiété, épuisement émotionnel, … je vous invite à voir le détail dans le précédent article  https://link.re/2020/04/20/limpact-du-confinement-sur-le-moral/

Vivre ou survivre face à ces épisodes épidémiques, ou tout autre source de stress qui dure, c’est d’abord apprendre à mieux vivre avec ses émotions. L’émotion est naturelle, ne dure que quelques secondes et il est impossible de l’empêcher. Mais ce que nous en faisons, le sentiment qui nous reste toute la journée, nous pouvons le maîtriser …

 https://link.re/2020/03/28/la-motivation-une-emotion/

Se soigner, guérir, se relever de ses blessures, c’est une capacité, une compétence qui se travaille, c’est la résilience ! Terme inspiré de Boris Cyrulnik*. La résilience c’est l’aptitude d'un individu, ou d’un groupe, à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques.

On pourrait croire que c’est une compétence complètement personnelle, comme la capacité d’un arbre à se relever et à se développer à nouveau après avoir été amputé ou tordu par la vie … Mais un arbre ne grandit pas seul, il vit dans un écosystème. Cet écosystème va l’aider ou le freiner dans son développement à nouveau.

Le Docteur Emmanuel Contamin** explique que la résilience est à la fois sociale, écologique, relationnelle et personnelle, c’est un écosystème. Voici dans le détail tous les points sur lesquels nous pouvons être attentif pour booster notre résilience face aux événements difficiles :

La résilience est relationnelle.

Nos relations, tout au long de notre vie, nous ont appris, aidés (ou pas), à faire face aux événements de la vie :

La famille : elle développe la sécurité intérieure qui permet d’éviter la « panique intérieure » face à un événement stressant. C’est le moment où, après une grosse émotion, on prend du recul pour se dire « c’est pas drôle mais je vais y arriver, je vais trouver une solution » en opposition à « je suis foutu, je n’y arriverais jamais » beaucoup moins utile, sauf pour se faire prendre en charge par un « sauveur ».  Cette sécurité intérieure c’est d’abord le lien sécure d’attachement qui se construit dans les 1000 premiers jours de la vie. Cela détermine notre confiance en nous, l’estime de soi. Il s’agit des gestes mots, attitudes et messages délivrés par ceux qui nous ont accompagnés, consolés, parlés (ou pas) avant 3 ans ! Cet aspect est profondément ancré en nous mais peut être amélioré par, notamment, les processus ICV (Intégration du cycle de vie) qui permet de revisiter nos besoins primaires d’enfance, et de résoudre des états de stress post traumatiques … technique maintenant validée dans son efficacité par plusieurs fonctions hospitalières, accessible à tous -  vaste sujet dont je vous reparlerai dans un prochain article (et si vous êtes impatients, contactez moi ! https://link.re/contact/ ). Et c’est aussi la qualité des liens intergénérationnels, qui permet de voir l’intérêt des échanges entre les anciens et les nouveaux, plutôt que le rejet « il n’y comprennent rien ! »

L’école : elle nous apprend la coopération en opposition à la compétition. Savoir comment construire une relation avec un autre, qui va m’aider dans la résolution des problèmes, plutôt que de se sentir en danger face aux autres qui essaient de « profiter de moi » ou « me piquer ma place » …

Ce sont les deux premiers facteurs d’une éducation positive, savoir identifier les ressources positives autour de moi. Cette éducation est celle de la non-violence, de la résolution de conflit sans violence, de l’intérêt de la diversité et de la conscience écologique aussi pour éviter de polluer son propre jardin et atteindre sa santé ! Nous le verrons plus loin, mais vous le savez déjà, meilleure sera notre santé, meilleure sera notre capacité à faire face positivement aux événements.

Les relations sociales : voisins, amis, associations … développer la solidarité de proximité pour nous aider à nous sentir « pas seul au monde » à se sentir intégré dans son quartier, à contribuer à son développement sécure. Cela invite donc au partage et à l’entraide, aux échanges non marchands, comme nous l’avons tous fait avec nos voisins pendant le confinement ! Et au-delà, ce sont les circuits courts et éco-responsables qui donne un sentiment de sécurité face aux polluants bien sûr mais aussi en sentant que l’on peut échanger avec celui qui nous nourrit, en confiance … et cela nourrit le sentiment d’être utile en société donc d’être « à sa place », excellent moyen de lutter contre l’exclusion, la désocialisation.

Le travail : Notre résilience sera diminuée si nous souffrons du travail, s’il semble injuste, si je ne me sens pas écouté ou considéré comme « quelqu’un de bien » au travail. Cela invite donc, comme de nombreuses grandes entreprises l’ont fait pendant l’épisode COVID, au partage équitable du travail, à la RSE, à la QVT, à prendre soin de la santé des salariés via les plans de prévention, et à la cohésion d’équipe, à restaurer le sens au travail, au management optimiste … https://www.leader-reunion.com/?p=1308

La résilience est sociale

La résilience est sociale et écologique. En écho à la dimension des relations sociales ci-dessus, c’est la dimension politique qui est en cause ici. Une société qui semble inéquitable, injuste, qui atteint ma santé et ma qualité de vie, via les désordres écologiques locaux ou mondiaux (réchauffement climatique), ne m’aide pas à me sentir fort et capable face à ce monde changeant.

La politique est ici vue sous l’angle premier, « Politis – la vie de la cité », autrement dit le contrat entre les citoyens, entre l’individu et les décideurs, la définition des règles du vivre ensemble ici et maintenant … et demain pour nos enfants … La résilience individuelle et collective sera facilitée si le pouvoir prône, met en place et régule efficacement la non-violence (et donc la prévention avant tout et la modération des forces de répression), le partage du travail, la bienveillance, l’équité, la recherche du bien commun (les « zaffaires » judiciaires en la matière sont un poison pour la cohésion sociale), les initiatives citoyennes, la coopération, la citoyenneté, la démocratie participative, l’économie circulaire, les circuits courts ... et je ne développerais pas l’importance de la politique de santé publique, nombreux sont les « zexperts » aujourd’hui… !

La résilience personnelle

Cet épisode de confinement est d’abord l’occasion de prendre du recul sur soi et sur la société que nous souhaitons, et ce à quoi nous collaborons aujourd’hui … comme si la terre disait à l’homme « va dans ta chambre et réfléchis à ce que tu as fait ! ».

Chacun part avec des atouts et des manques issus de la résilience relationnelle (voir plus haut), mais chacun peut y travailler en toute conscience dès l’adolescence. Booster sa résilience personnelle c’est :

• Prendre soin de sa santé physique : faire de l’exercice régulièrement, diminuer les protéines animales, les sucres, les produits chimiques (agriculture raisonnée ou bio), un bio-rythme stable (horaires de sommeil / repas / travail réguliers et de qualité) ;
• Prendre soin de sa santé mentale : garder le contact avec la nature, le silence, la médiation de pleine conscience, … et bien sûr thérapies et coaching ; https://link.re/services/coaching/coaching-bien-etre/
• Garder du recul face aux tentations de notre société consumériste : excès d’écrans, de séries télé, d’information et autres addictions (à l’argent, à l’alcool, aux stupéfiants, porno, malbouffe, shopping, …) autant d’éléments qui activent les circuits de la récompense immédiate mais qui ne permettent pas d’être heureux, de combler un vide existentiel, un déficit affectif ou un épisode dépressif. C’est la « sobriété heureuse »***
• Prendre soin de ses ressources : tous les domaines qui vont m’aider à faire face en cas de difficulté. C’est développer sa capacité à coopérer, à nourrir de saines relations avec les autres, à gérer les conflits sans violence, à imaginer le meilleur, une vision positive de l’avenir (le pire n’est jamais certain !), son altruisme, la gratitude, l’émerveillement … c’est le domaine du développement personnel, développer ses compétences à faire face aux difficultés du quotidien, par la formation et le coaching. (https://link.re/2020/05/04/coaching-les-regles/ )

Vous avez maintenant tous les éléments pour réfléchir aux actions possibles pour aider vos collaborateurs, vos proches, et vous-même, à booster la résilience au quotidien.

• Au niveau local, territorial, en participant à la construction des règles d’un vivre ensemble équitable.
• Au niveau de l’entreprise, en développant le pouvoir d’agir de vos collaborateurs : pouvoir de dire, de proposer, de faire face, de se former, de développer des liens d’attachement réciproques https://link.re/2020/01/17/le-teambuilding/
• Au niveau personnel : en prenant soin de vos talents de coopération et de votre santé.

Yves TEILLAC

Coach LINK     https://link.re/services/coaching/coaching-personnel/

*Boris Cyrulnik – la résilience https://www.youtube.com/watch?v=bKfyNIRdVQU

**Emmanuel Contamin, "Guérir de son passé " Odile Jacob - 2017 

***Pierre Rabhi – la sobriété heureuse https://www.youtube.com/watch?v=h8eIttbSUC4