La motivation, une émotion ?
La motivation, une émotion ?
Les latinistes que vous êtes auront noté que les mots MOTIVATION et EMOTION ont la même racine, émouvoir, mouvoir … MOTIO … le mouvement. Ce qui nous met en mouvement ce sont nos émotions, c’est cela être motivé, aller spontanément faire … et avec plaisir.
Pourtant, toute notre éducation nous a appris à cacher cela : « Sois fort mon garçon ! Faut pas pleurer pour ça … » ; « Une belle et gentille jeune fille ça ne fait pas la tête … » et plus tard, « Il faut avoir l’air sûr de toi devant le jury ! », « La colère est mauvaise conseillère ! », « Garde ton sang-froid ! » et tous les autres conseils que chacun de nous a entendu sur la réserve qu’il faut garder au travail pour « faire bonne figure » et prouver notre manque de sincérité aux autres … pas top pour construire l’intelligence collective ! https://link.re/2020/04/06/lintelligence-collective/
Bref, on nous apprend très tôt à masquer nos émotions, à s’en méfier, à nous faire croire qu’on peut les maîtriser, comme si on pouvait vivre sans être affecté par notre environnement ... Si bien que nous ne savons même plus décrire nos émotions … (Faites le test pour vous-même : Quelles sont les 7 émotions premières chez l’homme ? ……….. ), pas plus que nous n’avons appris à les utiliser à bon escient.
Résultat, nos émotions nous dominent et nous poussent dans des extrêmes que nous pouvons regretter, ou, nous nous faisons sourds à celles-ci, et l’épuisement psychologique nous guette. Lutter contre ses émotions consomme une énergie psychique puis physique émorme, nous fragilisant encore plus pour faire face au dilemme inconscient que nous avons refoulé, devant une émotion que nous n’avons pas su traiter ou accueillir, « j’aurais voulu, …, j’ai pas su, …, j’aurais dû … », laissant comme une tension interne qui ne s’avoue pas, source de nombreuses pathologies, au premier rang desquelles la baisse de confiance en soi.
Depuis 3.000 ans nous tentons de maîtriser nos émotions pour les rendre socialement acceptables, pour « dresser » nos comportements instinctifs. Or ces comportements sont hérités de réflexes de survie vieux de 50.000 ans …. Voilà pourquoi nombreux sont les « illettrés émotionnels » dans nos organisations.
« Tout le monde peut se mettre en colère. Mais il est difficile de se mettre en colère pour des motifs valables et contre qui le mérite, au moment et durant le temps voulu ». Aristote
Les 7 émotions primaires
Selon le Dr P. Ekman, chaque homme compose tous ses vécus émotionnels avec 7 émotions primaires : la joie (ou le bonheur), la colère, la tristesse, le dégoût, la surprise, le mépris, la peur. Ces émotions provoquent chez chacun de nous des micro-expressions universelles facilement détectables sur notre visage. D’autres auteurs y ajoutent l’amour. Toutes les autres émotions ne seraient que des émotions secondaires, composées parmi ces sept émotions primordiales. Par exemple, la haine est un mélange de peur et de colère.
L’émotion en elle-même ne dure qu’une poignée de secondes, et va directement à l’amygdale, siège des réactions fortes et brutales, de l’instinct de survie. Elle fonctionne comme un disque dur qui enregistre les événements sensoriels que nous vivons et y associe la « mémoire d’une saveur émotionnelle »*. Cette mémoire nous permettra, par exemple, de détaler plus vite la prochaine fois que nous croiserons un chien aboyant la bave aux lèvres …
Ce que nous ressentons après ces quelques secondes d’émotion pure, c’est une expérience émotionnelle, et pas la véritable émotion. C'est le résultat de notre réflexion, de notre raison, dans le cortex cérébral, siège de la pondération, de l'analyse rationnelle. C’est le sens que nous donnons à cette expérience émotionnelle qui nous fera à l’avenir réagir vivement ou non, avec dégoût ou plaisir … donc fera de nous quelqu’un de motivé sur l’instant … ou non ! De fait, cette région du cerveau est plus lente à « la décision » que l'amygdale, dédiée à la réaction défensive instantanée. Cette capacité logique du cortex pourrait être qualifiée de QI - Quotient Intellectuel.
Savoir identifier et « maîtriser » ses émotions pourrait être qualifié de QE, Quotient Emotionnel. Cette capacité à comprendre, déchiffrer les émotions, à « réfléchir avant d'agir », même sous l'emprise d'une émotion forte. C’est le ressenti, mais aussi l’impulsivité, l’illogisme, ce qu’on appelle « avoir du cœur ». Là où le QI représente plutôt « la tête » qui pense.
Une éducation à refaire !
Notre éducation nous a appris … à ne rien apprendre sur nos émotions … Nous avons tous vécu dans la toute petite enfance des événements incompréhensibles, faute d'expérience. Chaque découverte d'un nouvel « élément du monde » était forte en émotion ! Et donc chacun de ces événements s'est inscrit dans notre mémoire sans même pouvoir le nommer ou le comprendre. C'est notre empreinte émotionnelle initiale, qui nous conditionne toute notre vie … jusqu'à ce que l'on en prenne conscience. **
Cette empreinte s'est faite à un moment où le cortex n'était pas encore opérationnel, alors qu'il est en train de se « loader » des informations du monde et de s’agencer. Ainsi les émotions ont été enregistrées sans contrepoids rationnel à l’expérience vécue. Ce qui explique nos réactions instinctives parfois inappropriées, sous le coup de la surprise ou au contact d’une situation « dégoutante », quand une de nos 7 émotions primaires est activée brutalement.
On a pu observer le résultat de la désactivation de l’amygdale sur des patients accidentés. L’entourage de ces patients a immédiatement constaté un calme soudain et profond, l’absence de pleurs, aucune larme, aucun énervement … ni joie ni peine, bref plus aucune de ces 7 émotions primaires qui font paraître si humain. Le résultat sur la capacité à vivre le quotidien s’est vite fait ressentir sur le plan cognitif. Les patients se retrouvent vite désarmés, impuissants, incapables de décider face à des situations banales ou même cruciales. L'ablation de l’amygdale les a privé du dictionnaire des émotions et ils deviennent incapables de déchiffrer cela chez les autres. Ils ne savent plus comment faire face à quelqu’un de paniqué, en colère ou d’obséquieux … Ainsi c’est le QI qui est touché aussi !
Notre raison et notre capacité de décision en société dépend de notre capacité à « manager » les émotions, les nôtres et celles des autres.
Notre tête et notre cœur sont indissociables ! L’un alimente l’autre … ou le pénalise. Il est donc de l’intérêt de chacun de se poser pour identifier les situations où nous perdons habituellement le contrôle (plutôt masculin dans notre culture occidentale) … ou les situations où nous nous sentons insécurisés (plutôt féminin dans notre culture), et d’essayer d’identifier l’émotion que nous n'avons pas su accueillir pour trouver une réponse plus adaptée à l’avenir.
Pour ceux qui souhaitent améliorer leur capacité émotionnelle, à chaque fois que vous expérimentez une émotion, passez par les quatre étapes suivantes pour rester en contrôle, et avoir ainsi le choix du comportement, c’est la base de la communication non violente. https://link.re/services/formations/la-communication-la-competence-de-ma-performance/
Pour une situation que vous avez vécu ou que vous êtes en train de vivre :
- Identifiez clairement l’émotion ressentie. Nommez-la. Nommez vos symptômes, quand cela commence à apparaître, quand cette émotion vous a envahi et quand elle vient de s’estomper.
- Acceptez de la ressentir : accueillez ! "c'est normal, physiologique, et j’ai le choix d’en faire quelque chose de plaisant ou non". Pourquoi cette émotion est pour moi « a priori » négative ou gênante ? Quel est le point commun entre toutes les situations qui me font réagir ainsi … ?
- Recherchez le besoin caché : vous trouverez vite le dénominateur commun aux situations qui vous mettent systématiquement dans un état émotionnel où vous perdez pied.
- Faites évoluer votre expérience émotionnelle : les émotions sont naturelles et un excellent moteur de vie. Nous pouvons choisir de faire de cette énergie un résultat positif ou non. Il s’agit de chercher des comportements écologiquement plus acceptables dans son environnement. et en cas de difficultés, pensez au coaching ! (https://link.re/2020/05/04/coaching-les-regles/ )
L’exemple le plus fréquent est la colère, nombreux sont ceux qui souhaitent ne plus se mettre en colère. Quelle drôle d’idée ! Imaginez le monde de mouton que serait notre humanité si plus personne ne se mettait en colère ! Se mettre en colère ne veut pas dire tout casser. Nous souhaitons juste ne plus voir cette agressivité excessive qui en découle. La colère est normale, à nous de la diriger vers une action positive : cette colère va me donner la force, le courage, d’affronter cette situation immédiatement et d’y mettre fin … sans violence même si c'est avec fermeté !
Une hygiène de vie
Nous ne sommes pas tous égaux devant les émotions. Nos gènes, nos hormones, notre configuration cérébrale sont très différents d’un individu à l’autre. Certains d’entre nous vivent très bien naturellement sans se poser de question, d’autres trouvent leur chemin à travers leur propre questionnement, d’autres ont besoin d’être outillés, guidés ou conseillés par un ouvrage, un psychologue, un coach ou un proche. Cependant, il n’y a pas de fatalité, il y a toujours possibilité de travailler même sur des comportements que l’on croit « plus fort que soi » ! A condition d’en avoir pris la décision : plus jamais ça !
La première des choses à faire pour travailler son équilibre émotionnel est de se considérer comme un être biologique avant d’être pensant. Notre cerveau fonctionne mieux dans certaines circonstances et il ne tient qu’à nous de le mettre dans de bonnes conditions, ou de tenter de les améliorer.
Il s’agira, avant même les questions de bien-être et de développement personnel de questions de pure hygiène de vie … mentale : le sommeil est le facteur numéro un, régulier, suffisant. Ensuite bien sûr l’équilibre des temps entre le travail, le personnel, le social, le jeu et le sérieux, le travail, le sport, la famille – c’est le point central d’une vie « écologique » respectant autant nos besoins personnels, familiaux que sociaux : le développement de l’un de ces aspects ne se fait pas en détruisant les autres aspects de notre vie … (le travail au détriment du sport ou de la famille par exemple)
Enfin il faut veiller à la qualité de notre « carburant », notre alimentation. L’alimentation cérébrale certes, en s’entourant de personnes bienveillantes et en créant des conditions de reconnaissance et de respect mutuel, mais aussi la qualité de notre nutrition.
On retrouve dans nos aliments des macronutriments qui fournissent l’énergie nécessaire à l’organisme (lipides, glucides et protéines) et des micronutriments qui ne jouent aucun rôle énergétique mais dont le rôle est fondamental pour le fonctionnement de l’ensemble des métabolismes (vitamines, minéraux, oligo-éléments, acides gras et aminés, ...). Tous ces éléments donnent la valeur nutritionnelle de notre repas. Les médicaments sont très efficaces sur des symptômes ou des maladies installées (antibiotiques, anti-inflammatoires, antidépresseurs) mais ne participent pas à la régulation des perturbations physiologiques. L’organisme ne se défend pas qu’avec des “anti” mais aussi avec des “pro”.
La micronutrition permet de répondre aux agents stressants auxquels l’organisme est perpétuellement confronté par une approche "pro" santé partant de l’idée que chacun est unique. Nous n’avons pas le même métabolisme, ni les mêmes besoins, d’où le concept de partir de l’individu et de son état de santé, et pas seulement de son assiette, en adaptant l’alimentation au profil personnel de chacun. Une alimentation, même équilibrée, peut ne pas être adaptée aux besoins spécifiques d’un individu. La micronutrition s'applique à identifier les manières dont le contenu de notre assiette traverse notre système intestinal pour apporter à nos organes l'optimum pour leur bon fonctionnement. Cela concerne bien sûr tous les organes, y compris le cerveau.
Le Président de la Société de Micronutrition de l'Océan Indien, le Dr BRANSWYCK ***, nous précise que ce courant se situe dans une dynamique de médecine globale, qui s’intéresse au fonctionnement général de l'individu. Les fondamentaux d'une vie en santé sont, selon lui, la nutrition, l'exercice physique et la tranquillité d'esprit. S'agissant du pilier important qu'est cette tranquillité d'esprit, les techniques de relaxations, de respiration, de méditation, permettent d'améliorer grandement le « réflexe » parasympathique d'un individu, celui qui aide à retrouver l'apaisement après un moment de stress.
Toutes ces techniques visent à trouver un moyen d'influer sur le système nerveux « automatique » qui régit nos réflexes, le même qui s'active quand une émotion nous submerge, nous fait accélérer le cœur et nous met dans un état d'intense tension, prêt à l'action. Il s'agit de trouver l'apaisement général du corps et de l'esprit, non pour « maîtriser » ses émotions ou les empêcher, mais pour en faire un facteur de mieux être sur le long terme, une source d'équilibre face aux troubles de notre monde.
S'il existe des phénomènes de mode tels que le « sans gluten », il n’en demeure pas moins que nous constatons sur le terrain que de nombreuses personnes y trouvent un mieux-être et un apaisement face au stress au travail. Cela peut faire partie des manières de prendre soin de soi, comme l’ultime étape d’une vie équilibrée au travail :
- Prendre soin des métiers
- Prendre soin de ses relations et de ses collaborateurs
- Prendre soin de soi
Yves TEILLAC
Coach LINK
https://link.re/services/coaching/coaching-professionnel/
(*) Inspiré de la Théorie de Daniel GOLEMAN – Docteur en Psychologie – Harvard.
(**) « Ce qui ne vient pas au conscient deviendra vocation » C.G. JUNG.
(***) en charge du Diplôme Universitaire de Micronutrition à La Réunion, pour tout renseignements :